100 x 80 cm, 2025
Huile sur bois, encadré (cadre noir)
Encore un tableau beaucoup trop long à réaliser XD
Le thème était « Eh bien, dansez maintenant ! »
La première fois que j’ai entendu la fable de la cigale et de la fourmi, il ne faisait aucun doute que le modèle à suivre n’était pas la cigale. Et puis plus tard, beaucoup plus tard, alors que j’était adulte en répétition de choeur, j’entends notre cheffe nous dire « Chantez plus ! Pensez à la cigale et la fourmi ! ». Personne ne dit rien sur le coup, mais on se regarde mutuellement avec des yeux et des moues d’incompréhension totale. On devait être marrant à observer. Un ténor brise le silence : « euh, c’est à dire ? on chante mais on ne donne pas d’argent…? »
Réponse : « au contraire, on donne tout« . Il ne fallait pas se restreindre en pensant à l’hiver. Il ne fallait pas garder sa voix pour soi. Il fallait être la cigale. Tout donner. Chanter comme si l’hiver n’existait pas. Comme s’il n’y avait que le présent.
La fable parle-t-elle de travail et d’oisiveté ? de marginalité ? d’égoïsme ? de prévoyance ?
Elle parle peut-être de la peur du futur et de notre tendance à ne plus vivre dans le présent de peur de manquer, de ne pas réussir, de rater. Ou au contraire, une peur qui nous pousse vers une fuite en avant, en voulant profiter de tout, tout de suite, et en refusant de regarder trop loin.
Elle parle peut-être de rejet et de jalousie vis-à-vis de celles et ceux qui n’ont pas choisi de souffrir. De la nécessité de la souffrance ? Quitte à l’infliger aux autres « pour leur bien » ?
J’ai fait mon choix. Pour moi, la cigale prend le visage de la marginalité. Une marginalité joyeuse, flamboyante. Elle ne s’excuse pas. On lui fermera toujours des portes, mais elle s’en moque. Lorsqu’elle chante, elle invite l’été. J’ai pensé à l’univers du drag et aux boîtes à musique. Aux danseuses de porcelaine qui ont besoin de pousser les bords pour se déployer. Voilà ce qu’il y a dans ce tableau.